Nous quatre : Lily, Marta, Carla et moi.
Dans une autre vie, nous aurions pu être amies.
Mais nous sommes à Birchwood.
Ella, 14 ans, a toujours adoré la couture, une passion qu’elle tient de sa grand-mère. Et c’est donc tout naturellement qu’elle devient couturière. Cependant son atelier n’est pas un atelier ordinaire et ses clients ne sont des clients ordinaires : la jeune fille est prisonnière du camp de Birchwood ( Birkenau), où elle s’occupe de confectionner les vêtements des officiers. Dans ce quotidien infâme, c’est la couture qui permet à Ella et Lily, la repasseuse, de garder une lueur d’espoir.

Si en général, je choisi mes livres en fonction de recommandations ou d’avis sur la blogosphère et sur les réseaux, il m’arrive parfois d’acheter des livres spontanément sans vraiment en avoir entendu parler avant. C’est ce qu’il c’est passé avec Le Ruban Rouge. Depuis toute petite, je m’intéresse particulièrement à tout ce qui est en lien avec la seconde guerre mondiale et plus particulièrement à la Shoah. Par conséquent, lorsque j’ai lu le résumé du Ruban Rouge, je me suis immédiatement dit qu’il fallait que je lise cette histoire car même si elle est fictive, il y a toujours une part de réalité dans la fiction. 

« Selon Leurs règles haineuses, je n’étais pas Ella, pas une fille ni une petite-fille, pas même un être humain : je n’étais qu’une juive. »

On fait alors la connaissance d’Ella, une jeune fille de 14 ans et une chose qui m’a frappé dès le départ, c’est son innocence. Elle ne prend pas réellement conscience de l’ampleur de la situation et préfère se perdre dans ses rêves de grands salons de couture, de robes et de luxe plutôt que de regarder l’horreur qu’elle a devant elle, l’odeur dans le camp, les cheminées qui fument en permanence et elle évite de se poser des questions dont elle ne veut pas avoir la réponse, particulièrement quand des personnes disparaissent tout à coup du camps. 

Pour échapper au cauchemar, je m’enveloppe dans un monde de soie et de couture. Je fabrique la robe idéale. Dehors, il y a le bruit des trains et les chiens, la puanteur des latrines, et bien pire.

Petit à petit, Ella va être forgé par cette cruauté, elle va s’endurcir et comprendre que si elle veut survivre, elle ne peut se contenter de vivre passivement. Elle va apprendre à manipuler et à négocier pour obtenir des avantages, de la nourriture, du tissus ou des médicaments afin de survivre. Elle va également s’ouvrir d’avantage aux autres et c’est un personnage que j’ai adoré voir grandir et qui m’a beaucoup émue. 

« Courage, murmure la petite voix de Lily, dans ma tête, la nuit. Il fait toujours plus sombre avant l’aube. »

Vient ensuite le personnage de Lily que j’ai tout simplement adoré. C’est une petite fille très naïve et qui paraît assez fragile mais guidée en permanence par sa bonté. Elle est totalement innocente et se réfugie dans son imagination et dans ses souvenirs de lecture pour rendre l’enfer qu’elle vit plus agréable. Elle apporte sa propre magie autour d’elle et j’ai énormément aimé cette part de sensibilité. 

« La vue du terrain -et mes rêves de nourriture -me donne une folle envie de liberté. Lily n’éprouve pas ce besoin. Elle me dit qu’elle est toujours libre grâce à cet étrange pays de contes qui peuplent sa tête. »

Au fil des pages, les deux filles vont se rencontrer puis commencer à s’apprécier. Chacune apporte quelque chose à l’autre, Ella aide Lily à survivre, elle va la prendre sous son aile et la protéger lorsque cela sera nécessaire, alors que Lily va aider Ella à conserver sa part d’humanité et à ne pas se perdre dans l’horreur des camps. 

« Auschwitz. Deux syllabes qui décapent la bouche de celui qui les prononce. »

J’ai l’habitude de lire et de voir beaucoup de films sur la Shoah comme Le Journal d’Anne Franck ou la Voleuse de Livres mais je n’avais encore jamais lu de livre dont l’histoire se déroulait dans un camps de concentration ou d’extermination. Ici, j’ai ainsi pu découvrir plus en profondeur la vie à l’intérieur des camps, les levers à 4h du matin, l’appel pendant des heures et des heures dans le froid, les repas, les couchettes surpeuplées, les maladies et encore bien d’autres choses. La cruauté des nazis est saisissante mais ce qui l’a été encore plus pour moi a été de voir la violence qui pouvait exister entre les prisonniers eux-mêmes puisqu’au lieu de s’entraider, chacun tente de sauver sa peau,  faisant alors disparaître toute trace de compassion, de bonté ou tout simplement d’humanité.  

« Sur le quai, nous sommes séparés – les uns a droite, les autres à gauche. Travail ou cheminée. La vie ou la mort. »

L’action se déroule entre 1944 et 1945, principalement dans le camp de Birchwood qui n’est autre que le funeste camp d’Auschwitz-Birkenau, mais une partie de l’histoire se déroule également à la Libération. On voit alors énormément d’évènements historiques tels que la destruction des preuves par les nazis, les incendies volontaires et les marches de la mort.  Mais cela permet également de voir la vie des personnages survivants après Birchwood, leurs cauchemars, stress post-traumatique, crainte permanente mais également leurs phases de reconstruction, leurs rêves et espoirs. 

« Quand on croit au mauvais Dieu, on récolte une étoile. Comme les étoiles dorées que nous recevons à l’école, quand nous travaillons bien, sauf que cette étoile-là signifie qu’on est moins que rien. »

L’écriture est simple et sans prétention, on sent que le sujet tenait au coeur de l’autrice et qu’elle a effectué un important travail de recherche afin de ne pas dénaturer l’histoire vécu par des millions de personnes. Lucy Adlington a d’ailleurs précisé à la fin du livre qu’elle avait rencontré Eva Schloss, la demi-soeur d’Anne Franck, qui avait elle-même travaillé dans un atelier de couture dans un camp de concentration. Tout est décrit parfaitement, il y a un énorme respect de l’histoire et cela rend l’histoire dure émotionnellement

« Même s’ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, nos livres, nous sommes encore réelles. Nous devons rester aussi vivantes que possible, le plus longtemps possible. »

Au final, j’ai trouvais que ce livre était un magnifique hommage et je le recommande énormément si ce sujet vous intéresse. L’histoire m’a profondément touchée et les personnages sont, pour la plupart, énormément attachants, y compris les personnages secondaires. La seule chose qui m’a quelque peu dérangé concerne le futur de certains personnages du camps qui reste inconnu. J’aurais en effet beaucoup aimé savoir si certains d’entre-eux avait survécu

Auteur : Lucy Adlington
Titre : Le Ruban Rouge
Edition : PKJ
Nombre de pages : 327 pages
Prix : 16.90€

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