En 1925, lorsque parut ce livre, la critique unanime n’hésita pas à placer Ernest Pérochon aux cotés des plus prestigieux écrivains de la littérature d’anticipation, tels des Jules Verne, H.G. Wells ou Rosny Aîné. Ce jugement était déconcertant, surtout qu’il s’adressait à un auteur qui jusqu’alors s’était illustré par des romans de caréctères champêtre dont un, « Nène » avait même ontenu le prix Goncourt en 1920 ! Et pourtant en écrivant « Les hommes frénétiques », Ernest Pérochon avait non seulement abandonné son univers habituel mais, pour beaucoup, il avait aussi dépassé les plus audacieuses inventions de ses devanciers… Evoquant les grands cataclysmes de la fin du monde à une époque où la science a atteint son apogées, ce livre contient en effet quelques-unes des pages les plus saisissantes, les plus démentes et les plus belles de toute le science-fiction française.


Je remercie Snag Fiction pour l’envoi de ce livre ! 

Lorsque la maison d’édition Snag m’a contacté pour me proposer leur nouvelle sortie, je dois dire que j’ai immédiatement été intrigué puisque le style s’écartait énormément de mon genre de prédilection. De plus, il s’agit ici d’une réédition d’un livre qui avait été très apprécié lors de sa sortie mais qui n’est malheureusement pas resté dans les annales.

« Il venait de faire ce qu’aucun homme n’avais jamais fait. Une fois de plus, pendant une brève minute, en un point singulier, il venait véritablement de créer. »

Ce livre est assez déroutant puisqu’il a été écrit en 1925 donc il y a quasiment un siècle et pourtant, certains éléments résonnent énormément avec les conflits de notre temps. A l’époque de son écriture, seule la première guerre mondiale avait eu lieu et l’auteur imagine sa version futuriste du monde et une chose qui m’a frappé, c’est la justesse de certains éléments. Bien sûr, il y avait des éléments totalement invraisemblables mais les sujets des conflits restent les mêmes : pouvoir politique, pétrole etc.

« Sans doute, une résistance vive allait se prononcer. Les physiciens attardés aux vieilles méthodes souriraient ; des philosophes se boucheraient un peu plus les oreilles. »

Pour moi, le principal intérêt de ce livre consiste à voir que les Hommes sont prévisibles et qu’ils continuent de reproduire toujours le même schéma. Certains scénarios sont plus sombres et font craindre que notre histoire ne tourne de la même manière.

« On assistait depuis cette époque à un bouillonnement désordonné des curiosités ; toutes les audaces semblaient légitimes ; l’esprit humain s’élançait pour une nouvelle et merveilleuse étape. »

Comme je vous le disais plus haut, je savais avant de me lancer que cette lecture était totalement en dehors de ma zone de confort mais je ne m’attendais pas à être autant bousculée dans mes habitudes littéraires. Le style d’écriture est complètement différents de ce que l’on trouve dans la lecture contemporaine. Ce sont des phrases assez longues avec un style d’époque. De plus, les chapitres sont également assez longs ce qui rend le tout assez lourd à lire.

« Des changements considérables survenaient néanmoins dans la marche de la civilisation ; des possibilités fantastiques apparaissaient à l’horizon. »

Il y a énormément d’idées, d’informations et de détails. C’est un roman assez descriptifs et je n’ai pas l’habitude de ce style d’écriture. En somme, ce n’est pas le genre de livre que vous pourrez lire pour vous aérer l’esprit puisque le tout est assez complexe et nécessite une réflexion derrière.

« Malgré l’industrie des hommes, malgré leur immense effort, certains aspects du monde demeuraient, certaines scènes se renouvelaient, très peu différentes d’ères en ères. »

Autre élément qui m’a assez déstabilisé au départ concerne la narration. Le point de vue utilisé n’est pas interne mais au contraire omniscient, voire même externe. Par conséquent, j’avais d’avantage l’impression d’être un spectateur qui regardait l’histoire se dérouler sur un écran, plutôt que d’être réellement impliquée dedans.

« La fin du vingtième siècle et la première moitié du vingt et unième furent une époque d’expériences sociales désordonnées. (…) Il n’y avait plus, à proprement parler, d’armées ni de front de guerre. Toute la population était frappée, tout le pays ravagé. »

Le fait de lire tout ça peut vous laissez penser que je n’ai pas apprécié ma lecture or, ce n’est pas du tout le cas. Une fois la surprise de cette narration passée, on finit par s’y habituer et au final, j’ai trouvé ce récit très intéressant et j’ai passé un bon moment même si je sais que ce n’est pas un genre auquel j’accroche énormément.

Auteur : Ernest Pérochon
Titre : Les Hommes Frénétiques
Edition : Snag fiction
Nombre de pages : 352 pages
Prix : 18,00€

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