Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…
Christina Dalcher nous offre avec Vox un roman dystopique glaçant qui rend hommage au pouvoir des mots et du langage.

Voilà un livre qui me faisait de l’oeil depuis trèèèès longtemps et que je voulais absolument le découvrir. Seul petit problème : le prix. Déjà que les livres neufs ne sont pas donnés en France, celui-ci coûte encore plus cher sans vraiment de bonnes raisons. Du coup, j’avais un peu fait une croix dessus jusqu’au jour où je l’ai vu d’occasion chez Gibert Joseph. Autant vous dire que je n’ai pas réfléchi à deux fois avant de me jeter dessus ! 

« Vous pouvez retirer beaucoup de choses à quelqu’un – son argent, son travail, sa curiosité intellectuelle, qu’importe. Vous pouvez même lui retirer les mots, mais vous ne parviendrez pas à changer l’essence de ce qu’il est. »

Je ne sais pas si c’est le destin, mais j’ai lu cette histoire au même moment où l’Alabama interdisaient le droit à l’IVG pour les femmes. Vox quant à lui aborde une société où les femmes ont perdu tous leurs droits, y compris leur droit à la parole. Je n’ai donc pas pu m’empêcher de trouver certaines similitudes et de constater qu’une société pouvait basculer dans l’oppression totale très rapidement.

« Je ne peux pas détester Steven parce qu’il croit en quelque chose de faux, même si je déteste ce en quoi il croit. »

L’une des premières choses qui m’a marqué est l’ambiance qui se dégage de ce livre. Dès les premières lignes, je me suis retrouvée totalement happée par cet univers, je me sentais vraiment oppressé et je surveillais constamment que les personnages ne parlent pas trop, qu’elles n’enfreignent pas les règles.

« Je me suis souvent posé la question, comment des enfants pouvaient-ils devenir des monstres, où est-ce qu’ils avaient appris que le meurtre était légitime et l’oppression justifiée, comment en une seule génération le monde pouvait changer d’axe jusqu’à devenir méconnaissable. »

Le livre est raconté en alternant les moments présents et les souvenirs de Jean. C’est une narration que j’ai énormément aimé puisque celle-ci dynamisait le livre mais également puisque cela permettait de voir comment la société a basculé dans cette oppression totale des femmes. C’est ainsi que l’on voit les règles se multiplier petit à petit et, ce que l’on trouvait étrange mais innocent au départ, bascule très rapidement dans l’excès.

La seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien.

J’ai énormément aimé Jean puisque je me suis énormément retrouvé en elle, dans son sentiment d’injustice et de révolte. Jean ne se laisse jamais abattre et malgré toutes ces restrictions, elle fait tout pour ne pas subir sa condition et offrir le meilleure pour sa fille. On voit également à quel point l’écart entre les sexes se creusent, y compris dans la famille de Jean où sa fille et elle sont réduites au silence, alors que ses fils et son mari vivent selon leurs propres règles et ne respectent même pas leur mère.

« Après tout, on attend de ma fille qu’elle sache un jour tenir un foyer, faire des courses et qu’elle devienne une bonne épouse dévouée. Pour ça, il faut simplement savoir compter, pas besoin d’orthographe. Ni de littérature. Ni d’une voix. »

Dans ce livre, on voit à quel point l’influence de la Religion arrive à manipuler les pensées à tel point que contraindre les femmes au silences, les empêcher de travailler, de lire ou de vivre librement paraît normal. Au final, si ce livre se déroule dans le futur, on a le sentiment d’assister à un total retour en arrière dans l’histoire.

Patrick fait partie de la troisième catégorie d’hommes. Ce n’est pas un croyant ; ce n’est pas un trou-du-cul de macho. Il est tout simplement faible.

Ce livre possède également une petite part de romance et bien qu’au départ, je ne trouvais pas celle-ci vraiment nécessaire, je me suis rendue compte qu’elle importait dans l’histoire. Jean va se retrouver partagée entre son mari et son amant Lorenzo et si le premier accepte totalement le sort de sa femme, ce n’est pas le cas de son amant. Lorenzo bouillonne d’une rage intérieure, semblable à celle que ressent Jean. Celui-ci représente alors une lueur d’espoir et alors que la majorité des hommes restent passif, lui va se battre pour aider Jean et sa fille.

Voici comment j’ai perdu ma voix pour la seconde fois. Dans un déclic qui a résonné comme une bombe.

Je ne sais pas vraiment si « adorer » est le bon mot pour décrire ma lecture puisque c’est un livre qui m’a fait passé par une multitude d’émotions et plus particulièrement la colère et la révolte. C’est un livre très puissant, bien écrit et qui marque les esprits.

Auteur : Christina Dalcher
Titre : Vox
Edition : Nil
Nombre de pages : 432 pages
Prix : 22€

2 commentaires

  1. C’est stupéfiant de voir comment l’oppressin peut vite prendre du terrain sur une société avec de multiples libertés… J’ai enfin acheté ce livre, il me manque plus qu’à le commencer même si j’attends un peu, pas sûre que ça soit la lecture idéale pour le moment à la plage ^^ Ça me fait penser à la série The Handmaid’s tale, il faudrait aussi que je découvre La Servante Écarlate.

    1. Je te rejoints totalement et effectivement, ce n’est pas exactement le bon livre à prendre à la plage. Il vaut peut être mieux prendre quelque chose de plus léger … En tout cas, la série Handmaid’s Tale me tente depuis énormément de temps et je devais même la commencer mais comme elle n’est pas sur Netflix, c’est un peu compliqué :/

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