Helios, dieu du soleil, a une fille : Circé. Elle ne possède ni les pouvoirs exceptionnels de son père, ni le charme envoûtant de sa mère mais elle se découvre pourtant un don : la sorcellerie, les poisons et la capacité à transformer ses ennemis en créatures monstrueuses. Peu à peu, même les dieux la redoutent.
Son père lui ordonne de s’exiler sur une île déserte sur laquelle elle développe des rites occultes et croisent tous les personnages importants de la mythologie : le minotaure, Icare, Medée et Ulysse….
Mais cette existence de femme indépendante et dangereuse inquiète les dieux et effraie les hommes. Pour sauver ce qu’elle a de plus cher à ses yeux, Circé doit choisir entre ces deux mondes : les dieux dont elle descend, les mortels qu’elle a appris à aimer.
Lorsque j’étais en 6ème, une partie du programme de français portait sur la mythologie grecque et à cette occasion, nous avions dû lire l’Iliade et l’Odyssée. Encore aujourd’hui, de toutes mes lectures imposées dans le cadre scolaire, c’est sans doute celle qui m’a le plus marqué et dont j’ai gardé un bon souvenir. Cela faisait un petit moment que je voyais le nom de Madeline Miller revenir assez souvent dans les coups de coeurs livresques de mes amis. Du coup, lorsque je suis tombée dessus chez Gibert Joseph, je me suis dit qu’il était temps de me le procurer.
« Dans une existence solitaire, il existe des moments rares où une autre âme plonge tout près de la vôtre, comme les étoiles qui s’approchent de la terre une fois par an. Pour moi, il avait été ce genre de constellation là »
En ayant terminé ce livre, je comprends un peu mieux pourquoi tout le monde en parlait autant. Je ne savais pas vraiment sous quel format l’histoire allait se dérouler. Je pensais qu’il s’agirait seulement de petites nouvelles, on peut comme dans la Mythologie Viking de Neil Gaiman sauf que pas du tout, on est sur un format classique d’histoire avec une continuité dans les chapitres.
« Jadis, je pensais que les dieux étaient le contraire de la mort, mais je vois maintenant qu’ils sont plus morts que tout le reste, car ils sont immuables et ne peuvent rien tenir dans leurs mains. »
L’histoire est centré autour de Circé, un personnage que j’ai adoré découvrir. Même si elle fait partie de l’Odyssée, je n’avais pas gardé un grand souvenir d’elle, à part le fait qu’elle a tendance à changer les hommes en cochon. J’ai trouvé une grande sensibilité dans son personnage et même une certaine douceur qui ressortait face à certaine situation. Mais elle a également un côté beaucoup plus froid et distant, une carapace forgée par des années de solitude et de souffrances.
«A une dizaine de reprises, le chagrin avait frappé, incandescent, mais ses flammes ne m’avaient encore jamais brûlée »
Du côté de l’histoire, j’ai vraiment adoré ce que j’ai lu. Le livre couvre une très très longue période temporelle (plusieurs siècles entre le début et la fin) et on voit vraiment une évolution dans le personnage de Circé qui passe d’une jeune fille innocente à une sorcière exilée et froide. Pour moi, la grande force de cette histoire est la présence de nombreux mythes assez connu comme l’histoire du Minotaure, Dédale et son labyrinthe, Icare qui vole trop près du soleil, Jason et sa toison d’or et puis bien sûr, le fameux Ulysse.
« Bien que toute ma vie n’ait été qu’opacité et profondeurs, je ne faisais pas partie de cette eau sombre. J’étais simplement une créature vivant de l’intérieur. »
D’ailleurs, en parlant d’Ulysse, c’est sans doute la partie que j’attendais le plus dans l’histoire et je n’ai pas été déçue. Je trouve que Circé est vraiment complémentaire puisqu’il touche des endroits qui n’ont pas été vu ou de manière très rapide dans l’Odyssée. Ce qui m’a sans doute le plus étonnée a été toute la partie qui couvre ce qu’est devenu Ulysse une fois revenu chez lui et je dois dire que c’est assez éloignée de ce à quoi je m’attendais.
« Les hommes qui sont le plus dans le besoin sont souvent ceux qui détestent le plus être reconnaissants, et qui sont le plus susceptible de s’attaquer à vous, juste pour se sentir de nouveau entiers.»
L’écriture de Madeline Miller est incroyable, c’est très fluide, accessible mais ça transmet en même temps une certaine magie. De plus, j’avais peur que le style soit trop différent et de me retrouver assez éloignée de l’univers de base sauf que pas du tout ! A plusieurs moment, je me suis même arrêtée dans ma lecture pour vérifier si ce que je lisais était vrai ou si cela sortait de l’imagination de l’autrice. Et, la plupart du temps, l’histoire était bien celle de la mythologie et pas quelque chose de totalement inventé. C’est un point vraiment positif puisqu’il permet d’accéder avec peut-être plus de facilité à la mythologie tout en ayant une certaine véracité mythologique. Ce n’est pas un coup de coeur pour moi, il m’a manqué un petit quelque chose, mais ça reste une excellente lecture.
Auteur : Madeline Miller
Titre : Circe
Edition : Pocket
Nombre de pages : 549 pages
Prix : 8,50€
J’avais beaucoup aimé ce roman. Même si je m’attendais à quelque chose de plus romancée. C’est vrai que Madeline Miller a une très belle plume et j’ai hâte de lire Le chant d’Achille.
J’ai également hâte de lire Le chant d’Achille, surtout que l’on m’a souvent dit qu’il était encore meilleur que Circé !