Qu’est-ce qui nous fascine dans la vie « simple et tranquille » de Gervaise Macquart ? Pourquoi le destin de cette petite blanchisseuse montée de Provence à Paris nous touche-t-il tant aujourd’hui encore? Que nous disent les exclus du quartier de la Goutte-d’Or version Second Empire? L’existence douloureuse de Gervaise est avant tout une passion où s’expriment une intense volonté de vivre, une générosité sans faille, un sens aigu de l’intimité comme de la fête. Et tant pis si, la fatalité aidant, divers « assommoirs » – un accident de travail, l’alcool, les « autres », la faim – ont finalement raison d’elle et des siens. Gervaise aura parcouru une glorieuse trajectoire dans sa déchéance même. Relisons L’Assommoir, cette « passion de Gervaise », cet étonnant chef-d’oeuvre, avec des yeux neufs.
Depuis un petit moment, j’ai décidé d’élargir mon cercle de lecture afin de lire davantage de classiques. Après avoir redécouvert Camus avec La Peste, il était désormais au tour de Zola. Ici, je ne me lançais pas vraiment à l’aveugle puisque pendant mon année de seconde, j’ai eu la possibilité de lire Germinal. A l’époque, cette histoire avait été l’une de mes préférées et encore aujourd’hui, Germinal est l’une de mes seules lectures imposées du lycée que je n’ai pas subi. Par conséquent, je partais dans cette nouvelle lecture assez confiante.
Son rêve était de vivre dans une société honnête, parce que la mauvaise société, disait-elle, c’était comme un coup d’assommoir, ça vous causait le crâne, ça vous aplatissait une femme en moins de rien.
Malheureusement, l’Assommoir n’a pas du tout eu l’effet attendu. Au départ, j’ai vraiment adoré retrouvé l’univers décrit par Zola. C’est d’ailleurs ce que j’avais le plus aimé dans Germinal : la description des conditions de vie des ouvriers en France au XIXème siècle. Ici aussi, nous nous retrouvons dans un livre très détaillé mais aussi très cru. Zola ne prend pas de pincettes et décrit le quotidien de la classe ouvrière, les personnes qui meurent de faim dans les rues, ceux qui se noient dans l’alcool, ceux qui tentent de survivre malgré tout et ceux qui abandonnent.
Les enfants poussaient sur la misère comme des champignons sur le fumier.
J’ai beaucoup aimé le fait de retrouver le personnage d’Etienne Lantier puisque celui-ci est au coeur de Germinal. Dans l’Assommoir, on le voit enfant et c’est sa mère, Gervaise, qui est au coeur de l’histoire. Au départ, j’étais vraiment prise par ma lecture, je faisais attention à chaque détail et j’essayais vraiment de me concentrer sur ce que je lisais. Surtout que Zola a une plume assez lourde à lire. Les phrases sont très longues, elles contiennent énormément de détails et le vocabulaire est d’époque.
Elle se sentait prise d’une sueur devant l’avenir et se comparait à un sou lancé en l’air, retombant pile ou face, selon les hasards du pavé.
Mais, plus j’avançais dans ma lecture et plus j’avais du mal à continuer. C’est une histoire vraiment très descriptive, à la fois dans les scènes que dans les personnages. Pour autant, je ne me suis pas attachée à eux. Plutôt que de vivre à l’intérieur d’eux et de ressentir leurs émotions, je suis restée à distance. Finalement, j’ai plutôt eu l’impression de regarder un documentaire sur les conditions ouvrières au XIXème siècle.
A quoi servait-il, ce soûlard ? à la faire pleurer, à lui manger tout, à la pousser au mal. Eh bien ! des hommes si peu utiles, on les jetait le plus vite possible dans le trou, on dansait sur eux la polka de la délivrance.
Si au départ, j’aimais ce que je lisais, j’ai fini par subir ma lecture. Au bout de deux-cents pages, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour de l’histoire. Je connaissais tout ce qu’il y avait à savoir sur la vie des ouvriers et concernant l’intrigue qui touchait personnellement les protagonistes de l’histoire, je n’ai pas réussi à rentrer dedans. Néanmoins, j’ai voulu poursuivre ma lecture. Après avoir tenu pendant la moitié du livre, je n’avais pas envie d’abandonner si près du but.
On peut bien mettre ce qu’on voudra, un roi, un empereur, rien du tout, ça ne m’empêchera pas de gagner mes cinq francs, de manger et de dormir pas vrai?… Non, c’est trop bête !
Une fois arrivé au bout, je ne vous cache pas que j’avais presque envie de pleurer de joie à l’idée de passer à une autre histoire. J’avais besoin de quelque chose de beaucoup plus léger, de beaucoup plus fluide. Je ne suis pas étonnée plus que ça puisque forcément, entre le XIXème et aujourd’hui, les moeurs et la manière de parler ont beaucoup évolué. Pourtant, ça ne m’avait pas dérangé au lycée mais je pense que le rythme de lecture y jouait beaucoup. J’ai voulu lire Zola en quelques jours alors qu’à l’époque, ma lecture avait été étalé sur tout un trimestre. Je ne ressors pas totalement déçue de cette lecture. Elle a été très instructive mais je sais désormais que si je veux me relancer dans Zola, je programmerais ma lecture sur une plus longue période.
Auteur : Emile Zola
Titre : L’Assommoir
Edition : Folio Classique
Nombre de pages : 517 pages
Prix : 4€
Je n’avais pas réussi à entrer dedans au lycée… Je ne désespère pas d’y arriver un jour, quand je serai motivée (ce ne sera donc pas pour cette année!).
C’est vrai que pour certains livres, les lire tranquillement ou vouloir les dévorer peut influencer notre ressenti. Mais c’est dur, quand on veut lire un livre mais qu’on veut aussi rapidement passer à autre chose !
Zola et les descriptions, toute une histoire ! Certains de ses romans sont assez difficiles à commencer à cause de ça, j’ai eu beaucoup de mal avec La Fortune des Rougon par exemple. Par contre, d’autres m’ont complètement transportée comme Germinal, La Bête humaine ou L’Oeuvre (en plus, ils ont chacun en personnage principal un Lantier).
Autant Germinal m’avait totalement charmé, autant l’assommoir a été un cauchemar. Je pense pas me relancer dans du Zola de si tôt